A J-30 du premier tour de l’élection présidentielle, quels sont les engagements que prennent les candidats sur le terrain de la transparence et de l’éthique de la vie publique ?
Paris, jeudi 23 mars
A trente jours du premier tour de l’élection présidentielle et à trois mois des élections législatives, Transparency France dresse un premier bilan encourageant mais contrasté des engagements des candidats. Nous restons vigilants, convaincus que le débat doit se positionner sur le terrain des solutions pour sortir par le haut de cette crise de confiance et réoxygéner la démocratie.
10 candidats sur onze ont répondu
Document rectifié le 24 mars : François Fillon nous a adressé sa réponse après notre conférence de presse du 23 mars présentant les engagements des candidats et le tableau ci-dessous. Vous trouverez la lettre de François Fillon ici.
Nous avons interrogé tous les candidats à la présidentielle sur onze recommandations. Dix d’entre eux ont répondu : Nathalie Artaud, François Asselineau, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Benoit Hamon, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou. Malgré de multiples relances, nous déplorons que François Fillon n’ait pas donné suite à notre sollicitation. Transparency International lui demande de s’engager avant le premier tour.
Accords et désaccords
Le dialogue initié par Transparency International a amené les candidats à aborder de nouveaux sujets et à s’engager sur des questions peu ou pas présentes dans les programmes, comme la prévention de la corruption dans les collectivités territoriales, les vérifications fiscales des responsables publics avant leur nomination et le contrôle des comptes de campagne en période électorale.
Moyennant quelques nuances, certaines de nos recommandations font l’objet d’un quasi-consensus parmi les candidats, comme le casier judiciaire vierge pour les candidats à une élection, le contrôle des dépenses en période électorale ou la transparence de l’IRFM. D’autres sujets font davantage débat : sur la participation citoyenne, l’encadrement du lobbying, et surtout l’indépendance de la justice, les propositions des candidats s’écartent parfois sensiblement de nos préconisations et de la vision portée par Transparency International.
Si la majorité des Français expriment leur défiance vis-à-vis des responsables politiques, ils sont également plus exigeants et vigilants, ce qui est signe de vitalité de notre démocratie.
L’actualité récente n’est pas sans conséquence sur la perception de nos concitoyens et révèle une aggravation du climat de défiance. Selon un sondage Harris Interactive pour Transparency International et Tilder publié aujourd’hui, 57% des Français considèrent que les personnes ayant du pouvoir sont corrompues pour une grande partie d’entre elles, soit trois points de plus qu’en août dernier.
Cette campagne est marquée par un niveau d’exigence et de vigilance accru des citoyens : ce qui était accepté ou toléré avec résignation ou fatalisme il y a quelques années ne l’est plus aujourd’hui, ce qui est un signe de vitalité de l’engagement citoyen en France. Ils se sont emparés de sujets précis, comme les indemnités des parlementaires ou le financement des campagnes électorales, qui ont fait la une de l’actualité.
« L’exigence de transparence n’a jamais été aussi forte. Trois explications à cela : la crise économique et les efforts imposés à tous, la prise de conscience du retard de la France par rapport à nos voisins européens, et la mobilisation de la société civile », estime Daniel Lebègue, Président de Transparency France.
Transparency International poursuit son action en vue des législatives
A la suite de notre pétition pour un « parlement exemplaire », nous adresserons une contribution au groupe de travail créé par Claude Bartolone à l’Assemblée nationale et inviterons les candidats à s’engager en faveur d’une déontologie renforcée, d’une transparence de toutes les indemnités des parlementaires, et d’une clarification du statut des collaborateurs parlementaires.
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Méthodologie
Alors que les affaires se succèdent dans l’actualité et fragilisent notre démocratie, Transparency France a envoyé le 10 février dernier un questionnaire aux candidats à l’élection présidentielle pour qu’ils s’engagent à renforcer la transparence et l’éthique de la vie publique sur la base de 11 recommandations.
De nombreuses relances ont été effectuées, auprès des candidats et des équipes de campagne. Lorsque les candidats ont répondu en amont des délais impartis, un dialogue a été engagé avec eux pour préciser et approfondir leurs réponses, sous forme de rendez-vous avec les équipes de campagne (François Asselineau, Benoit Hamon, Emmanuel Macron), ou via des échanges détaillés par e-mail et téléphone (Jean-Luc Mélenchon).
Les réponses de Marine Le Pen, Nathalie Artaud, Jacques Cheminade, Philippe Poutou, Nicolas Dupont-Aignan et Jean Lassalle nous sont parvenues trop tardivement pour mettre en place ce dialogue et lever toute ambiguité. Trois codes couleur ont été apposés sur chaque réponse : vert lorsque le candidat s’engage sur notre recommandation, orange lorsqu’il s’y engage partiellement ou avec des réserves significatives, et rouge en cas de désaccord ou d’absence de réponse.
Les commentaires formulés par les candidats sont reproduits in extenso sur notre site.