31/01/2017 – Communiqué de presse
Rapport : Quand les responsables politiques européens deviennent lobbyistes
Le rapport de Transparency International EU dévoile l’ampleur du phénomène des embauches d’anciens responsables politiques européens par les organisations de lobbying.
Aujourd’hui, plus de 50% des ex-commissaires et 30% des ex-députés du Parlement européen, qui ont quitté le monde politique, travaillent pour des organisations inscrites au registre des lobbyistes de l’UE. Quelques mois après le départ de Jose Maniel Barroso pour Goldman Sachs, le nouveau rapport de Transparency International UE fournit pour la première fois une photographie du phénomène des «portes tournantes» dans les institutions de l’UE.
Le rapport « Accès à tous les domaines : quand les personnels politiques de l’UE deviennent des lobbyistes » analyse la situation de 512 anciens commissaires et députés européens et de leur activité professionnelle après leur mandat. Le rapport montre que les entreprises emploient des anciens fonctionnaires pour influencer et se rapprocher de l’élaboration des lois.
Par exemple,
- 50% des lobbyistes enregistrés pour le compte de Google ont travaillé pour l’UE.
- 26 eurodéputés qui ont quitté le Parlement européen en 2014 travaillent actuellement pour les cabinets de lobbying de Bruxelles.
« Toutes les organisations peuvent bénéficier de l’expérience d’anciens responsables politiques. Mais il y a un problème dès lors que ceux qui ont travaillé sur l’élaboration des lois de l’UE , exercent, dans la minute suivante, du lobbying auprès de leurs anciens collègues sur les mêmes questions », a déclaré Daniel Freund, Responsable du plaidoyer Transparency International UE.
« Nous avons besoin de règles pour limiter les risques de conflits d’intérêts et la conquête des institutions par les lobbyistes », a poursuivi Freund.
Transparency International appelle les institutions de l’UE à s’aligner sur les pratiques internationales qui sont exemplaires. Un organisme de contrôle éthique solide, comme ceux de la France et du Canada, devrait superviser les questions d’éthique et de « portes tournantes » dans les institutions de l’UE et être en mesure d’imposer des sanctions. Selon Transparency International, une période « de latence » (cooling-off) pour les membres du Parlement européen devrait être introduite d’urgence.
« Des règles d’éthiques laxistes et un défaut dans leur mise en œuvre érodent la confiance dans les institutions de l’UE », a déclaré Mr Freund. « L’affaire Barroso était un argument fantastique pour les eurosceptiques. Si l’UE veut se défendre contre les forces nationalistes et populistes croissantes, elle doit alors être un leader mondial en matière d’intégrité et de transparence », a conclu Freund.
Contexte:
Il n’existe actuellement aucune règle encadrant les activités après mandat pour les députés. Pour les commissaires, il y a une période « de latence » (cooling-off) de 18 mois. Le rapport complet est disponible ici
Les parcours professionnels de 485 anciens députés européens et de 27 anciens commissaires sont disponibles sur Eu Integrity Watch.