[Portrait] « Le déontologue, c’est un œil, une écoute et une parole », Daniel Tricot de Transparency France

« Le déontologue, c’est un œil, une écoute et une parole », Daniel Tricot, déontologue de Transparency International France

© Philippe Fraysseix

Arbitre et médiateur en affaires, Daniel Tricot est notre déontologue au sein de Transparency France depuis maintenant 10 ans. Au cours d’un entretien, il nous en dit plus sur le rôle qu’il occupe et sa vision de la déontologie.

 

Quel est le rôle du déontologue au sein d’une association ?

Pour moi, le déontologue, c’est un œil, une écoute et une parole. Il est indépendant de l’instance dirigeante. Il rend un avis motivé sur des questions de conformité et des comportements particuliers. Le déontologue donne une réponse nécessaire à un problème éventuel. Il est possible de le solliciter à tout moment et il est tenu au secret. Il n’a pas de pouvoir de décision, il fait une proposition quant à une situation et l’instance dirigeante choisit de suivre ou non son avis. Cette séparation des fonctions est pour moi très importante. Mais, dans le cas d’un comportement déviant au sein d’une structure, et dans le cas où la hiérarchie en est responsable ou complice en acceptant ce comportement, le déontologue peut jouer le rôle de lanceur d’alerte, et c’est là tout le poids de sa fonction.

Selon moi, le déontologue doit jouer sur la prudence, davantage que ce qui lui est exigé. Partout les exigences en matière de conformité se renforcent au fil des années ; le déontologue, lui, doit anticiper l’intensification de ces exigences.

Ce n’est pas commun pour des associations de se doter d’un référent déontologue, considérez-vous qu’elles aussi ont besoin de conseils et d’accompagnement sur des enjeux éthiques ?

En général, il y a encore moins de tolérance pour les comportements déviants quand cela concerne une association, puisque qu’elle est censée œuvrer pour l’intérêt de tous.

Transparency France, étant donné son combat contre la corruption. se doit d’êtreexemplaire. Je dirais même qu’un effort supplémentaire est attendu de la part des associations sur leur comportement éthique, surtout lorsqu’elles portent des attentes en ce sens vis-à-vis des autres acteurs de la société. C’est pourquoi Transparency France, qui prône la transparence, encourage les meilleures pratiques et met en œuvre pour elle-même que ce qu’elle attend des acteurs publics et des entreprises.

Il en est de même pour les institutions : que penserait-on d’une personne qui exerce une fonction d’autorité et qui détourne cette autorité pour se livrer à des actes qu’elle est censée combattre ? Ce type de comportement porte gravement atteinte à l’institution en question et à sa réputation.

Vous travaillez à la mise en place d’une procédure d’alerte interne à Transparency France. Cette obligation ne pèse pourtant que sur les organisations de plus de 50 salariés ou agents, est-ce par soucis d’exemplarité ?

Pour moi, la taille d’une structure est indifférente à la mise en place d’un tel dispositif. Il est utile et nécessaire. Les comportements déviants n’arrivent pas que dans les grandes organisations. De plus, les dirigeants ne peuvent plus passer outre ou camoufler ces actes comme il y a 15 ans. A l’époque, ils n’étaient pas tenus responsables des actes qu’ils ne dénonçaient pas, mais aujourd’hui ils se rendraient complices de ces actes. Peu importe la structure, les dirigeants ont tout intérêt à mettre en place cette procédure de lancement d’alerte.

 

Pourquoi vous êtes-vous engagé auprès de Transparency International France ?

Lorsque je suis arrivé chez Transparency France, j’avais le désir non seulement d’être mais de me sentir concrètement utile pour une cause qui me semble primordiale : c’est pourquoi j’ai accepté de m’engager pour la lutte anticorruption.

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