Les pays du G20 pourraient devenir des refuges encore plus attractifs pour l’argent sale alors que le monde fait face à un avenir incertain
Dans la déclaration publiée lundi soir à l’issue du sommet de Rio, les dirigeants du G20 semblent avoir trouvé un terrain d’entente sur plusieurs problèmes cruciaux, allant de la taxation progressive aux mesures pour réduire la pauvreté et promouvoir la paix. Cependant, Transparency International avertit que, sans s’attaquer à la corruption et aux flux financiers illicites, les accords conclus lors de ces sommets resteront purement aspiratoires. Cette menace est d’autant plus grande compte tenu de l’influence croissante des groupes d’intérêt puissants et de l’érosion continue des normes démocratiques, qui constituent des obstacles supplémentaires à une action multilatérale efficace.
Les dirigeants ont consacré un seul paragraphe succinct à la lutte contre la corruption dans leur déclaration, utilisant un langage plus faible que jamais en matière d’actions concrètes. Pour Transparency International, le sommet du G20 se termine sans que la communauté internationale sache comment les plus grandes économies mondiales garantiront que les nouvelles ressources mobilisées, notamment celles issues de l’alliance mondiale contre la faim et la pauvreté, soient allouées et utilisées au bénéfice des plus vulnérables à travers le monde.
Des milliards, voire des milliers de milliards de dollars, sont en jeu alors que le G20 s’engage à mobiliser de nouvelles ressources pour lutter contre la pauvreté et protéger le climat. Les recherches de Transparency International ont montré comment les pays à revenu faible et intermédiaire souffrent des flux financiers illicites en raison du secret persistant et d’autres failles significatives dans les systèmes financiers des pays du G20. L’organisation a constaté que quatre pays du G20 figurent parmi les cinq principales destinations pour l’investissement de fonds illicites provenant d’Afrique dans l’immobilier.
Transparency International s’inquiète que, sans des mécanismes robustes de transparence et de responsabilisation, les nouvelles initiatives du G20 puissent aggraver les inégalités au lieu de les réduire.
Alors que la démocratie recule dans le monde et que des groupes d’intérêt puissants sapent l’action multilatérale, Transparency International remet en question la capacité du G20 à coordonner efficacement des mesures de lutte contre la corruption et des solutions à d’autres problèmes mondiaux.
Lors du sommet de cette année, Transparency International a vivement protesté contre l’inaction du G20 en matière de corruption à travers une opération de marketing guérilla. Six parapentistes, avec des voiles conçues pour ressembler à des billets géants de 100 dollars US, ont envahi le ciel de Rio et ont atterri sur une bannière où l’on pouvait lire : « À quel point la corruption doit-elle être flagrante pour devenir une priorité pour le G20 ? »
Avec l’Afrique du Sud prête à assumer la présidence du G20 aujourd’hui, Transparency International appelle le président Cyril Ramaphosa à adopter une trajectoire différente. Pour mettre en œuvre les engagements convenus, il est impératif que la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites devienne un pilier central de l’agenda du G20 l’année prochaine. Sans action audacieuse, le G20 risque de compromettre sa mission et de laisser ses objectifs critiques inatteignables.
Maíra Martini, responsable des politiques et du plaidoyer chez Transparency International, a déclaré :
« Les dirigeants du G20 ont avancé sur des sujets importants, notamment la nécessité d’une fiscalité progressive, les mesures pour réduire la pauvreté et les efforts pour promouvoir la paix. Cependant, une fois de plus, le G20 a sous-estimé l’importance des mesures de lutte contre la corruption pour atteindre ces objectifs et garantir la pérennité des initiatives visant l’égalité, l’équité et la paix. Si certaines de leurs nouvelles promesses aboutissent, davantage de fonds seront disponibles – mais sans aucun mécanisme concret et convenu. L’absence continue d’engagements solides contre la corruption envoie un message alarmant : le G20, malgré son pouvoir, refuse d’affronter les causes profondes qui minent son propre agenda.
« La présidence sud-africaine doit rompre ce cycle et faire de la lutte contre la corruption une priorité. Le G20 a le pouvoir de prendre des mesures décisives contre les flux financiers illicites, et tout autre résultat ne serait que des paroles en l’air sur le développement durable. Sans une action urgente et significative, la corruption continuera d’éroder la confiance, de freiner le développement et d’aggraver les inégalités dans le monde entier. »