Affaire du « financement libyen » : une condamnation de Nicolas Sarkozy historique et inédite

Paris, 25 septembre 2025Toutes trois parties civiles dans le procès dit du “financement libyen”, Sherpa, engagée dans ce dossier depuis 2013, Anticor et Transparency International France, saluent un jugement historique qui vient sanctionner des faits d‘une gravité exceptionnelle, altérant la confiance des citoyen‧nes envers ceux qui les représentent. 

Nicolas Sarkozy a été condamné par la 32ème chambre du tribunal de Paris à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs en vue de la préparation du délit de corruption. L’ancien chef d’Etat avait comparu du 6 janvier au 8 avril 2025, aux côtés de onze prévenus, dans le cadre du procès portant sur les accusations de financement illégal de sa campagne présidentielle de 2007. Face à la gravité des faits reprochés à l’ancien président français, les trois associations anticorruptions agréées se sont unies pour exiger que toute la lumière soit faite sur un possible pacte de corruption conclu avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi, en vue de favoriser son élection.  

Une étape historique dans la lutte contre la corruption 

Pendant près de quatre mois, ce procès a offert un débat public rare. La justice y a démontré son indépendance et rappelé qu’aucun‧e responsable politique n’est au-dessus de la loi. Ce jugement historique marque une étape essentielle dans la lutte contre la corruption et envoie un signal fort contre l’impunité.  

Une procédure entachée par de multiples attaques 

Ce procès révèle les fragilités de notre système judiciaire : plus de vingt ans se sont écoulés entre les faits poursuivis et l’ouverture du procès. Une lenteur due au manque chronique de moyens qui affaiblit la réponse pénale dans les affaires de corruption. À ces difficultés s’ajoute un climat inquiétant, les menaces contre les magistrat‧e‧s et le dénigrement de l’institution judiciaire se multipliant. Sherpa, Anticor et  Transparency International France rappellent aux responsables politiques leur devoir : défendre l’indépendance de la justice, condition essentielle de l’État de droit. 

La recevabilité des associations anticorruption : un rempart contre l’impunité 

L’action de la société civile est plus indispensable que jamais. Sherpa, constituée partie civile en 2013 puis rejointe par Anticor et Transparency International France, a vu sa recevabilité contestée à de multiples reprises par Nicolas Sarkozy dans le cadre de l’information judiciaire. Ce front commun démontre le rôle de contre-pouvoir joué par les ONG dans la lutte contre la corruption. Alors que l’espace civique se restreint et que les attaques contre les associations s’intensifient, il est crucial de garantir leur accès aux tribunaux. L’agrément, qui leur permet d’agir en justice, ne doit plus jamais être utilisé comme un levier politique pour affaiblir celles qui défendent l’intérêt général. 

La démocratie fragilisée par la corruption transnationale 

Cette affaire ne se limite pas à une élection française. Elle révèle comment certaines élites politiques et économiques ont volontairement fermé les yeux sur les pratiques prédatrices de régimes autoritaires et ont participé activement à leurs détournements. En permettant que des ressources publiques volées servent à acheter des réseaux d’influence, les décideurs politiques affaiblissent la démocratie, sapent la confiance des citoyen‧ne‧s et contribuent à priver les populations concernées de ressources essentielles. La condamnation de Nicolas Sarkozy vient révéler une très grande porosité entre sphères politiques, économiques et financières avec un manque d’encadrement des moyens de l’Etat.  

Nos trois associations accueillent ce jugement qui témoigne de la force de l’appareil judiciaire et de la solidité de l’Etat de droit.  

« À moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle, nous devons tirer toutes les leçons de ce procès : rien ne garantit aujourd’hui que de telles dérives ne se reproduiront pas. Le financement de la vie politique doit être encadré beaucoup plus strictement pour éviter un nouveau scandale. »

Patrick Lefas, président de Transparency International France 

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