Transparency International France proteste contre la nomination de Markus Pieper en tant qu’émissaire de l’UE auprès des PME
Au regard des conditions de nomination de l’eurodéputé Markus Pieper au poste de représentant de l’Union européenne (UE) pour les PME, Transparency International France demande, avec d’autres organisations de la société civile, une nouvelle procédure de recrutement pour écarter le risque d’un conflit d’intérêts.
Le 31 janvier Markus Pieper, député européen allemand, patron de la délégation de la CDU-CSU au sein du Parti populaire européen (PPE), a été désigné représentant de l’UE pour les petites et moyennes entreprises. Cette procédure de nomination, interne à la Commission européenne, ne présente pas toutes les garanties de transparence et d’impartialité.
A quelques mois des élections et du renouvellement de la Commission, sa présidente a clairement imposé la candidature du député européen allemand responsable parlementaire du groupe CDU-CSU au sein du Parti populaire européen. Ce choix personnel de la Présidente de la Commission sert-il les intérêts de l’Union européenne ou ceux de la Mme Von der Leyen qui a impérativement besoin du soutien de la droite allemande et du PPE pour prétendre à un nouveau mandat ?
Ce recrutement répond-il aux exigences d’impartialité qui doivent encadrer un recrutement de très haut niveau ? Nous pensons que non !
A l’automne dernier, trois candidats ont été présélectionnés pour le poste : l’eurodéputé (PPE) allemand Markus Pieper, l’eurodéputée (Renew) tchèque Martina Dlabajová et Anna Stellinger, une dirigeante de la Confédération des entreprises suédoises. Le choix entre ces trois candidatures de qualité aurait dû être fait en fonction du mérite, de l’équilibre entre les hommes et les femmes et de l’équilibre géographique. Au regard de ces trois critères, la candidature de Markus Pieper aurait dû être logiquement écartée…il a pourtant été choisi.
Contestant la régularité de la procédure et craignant un recrutement guidé par la politique, trois commissaires européens ont protesté publiquement. Au Parlement, des députés européens ont officiellement demandé des explications à la Présidente. Aujourd’hui, des organisations de la société civile réagissent : nous signons, avec nos collègues de Transparency International Europe et de Transparency International Allemagne et avec sept autres organisations, une lettre ouverte pour dénoncer l’irrégularité de cette procédure de sélection et exiger le réexamen de cette nomination.
En décembre 2022, le Qatargate est venu rappeler brutalement les défis éthiques que doivent affronter toutes les institutions de l’Union européenne. Quelques progrès limités ont été enregistrés au Parlement, mais la prochaine législature devra placer l’éthique et la probité au cœur du travail européen et impliquer toutes les institutions de l’UE.
Dans quelques jours, Transparency International France rendra public son manifeste en prévision des élections européennes du 9 juin. L’Union européenne a besoin d’un véritable organe éthique indépendante. L’embryon de comité consultatif actuellement en négociation à Bruxelles n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Nous défendrons la création d’un organe éthique crédible capable d’enquêter et de sanctionner de manière indépendante les manquements en matière de conflits d’intérêts et déontologie. Aujourd’hui, les institutions européennes préfèrent traiter les difficultés déontologiques dans l’opacité et l’entre-soi : un organe éthique crédible pourrait demain être saisi ou se saisir d’office afin de statuer en toute indépendance.