Le monde est confronté à une menace sans précédent due au changement climatique provoqué par plus d’un siècle de dépendance aux combustibles fossiles et aux émissions de gaz à effet de serre. Malgré l’ampleur de cette crise, la Conférence des Parties (COP) sur le climat, qui se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024, risque fortement d’être instrumentalisée pour promouvoir un agenda favorable à l’industrie des combustibles fossiles.
Le processus de la COP, dans sa forme actuelle, manque de garde-fous efficaces pour : (a) réduire l’influence excessive des entreprises (notamment des compagnies pétrolières et gazières) ; (b) empêcher les acteurs corrompus et kleptocratiques d’utiliser la Conférence pour conclure des accords commerciaux et poursuivre leur enrichissement personnel ; et (c) atténuer le risque de verdissement de façade de la part des gouvernements et des entreprises.
Ce manque de mesures robustes contre la corruption est un sérieux oubli, quel que soit le pays hôte de la COP. Cependant, l’organisation de la COP29 par l’Azerbaïdjan illustre l’ampleur du problème. Ce rapport de Transparency International et du Anti-Corruption Data Collective met en lumière la manière dont le régime azerbaïdjanais, les compagnies pétrolières et gazières et les lobbyistes ont collaboré en amont de la COP29 pour exercer une influence indue. Il affirme également qu’il est très probable que le gouvernement azerbaïdjanais utilise le sommet comme couverture diplomatique pour promouvoir ses intérêts nationaux dans le secteur pétrolier et gazier et conclure de nouveaux accords sur les combustibles fossiles.
La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) souffre depuis trop longtemps d’un manque de mesures adéquates contre la corruption. Cela compromet non seulement l’intégrité de la diplomatie climatique mondiale, mais nuit également aux avancées vers les objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Ce rapport présente une série de recommandations pour protéger les futures COP de la corruption et de l’influence indue, notamment des mécanismes pour améliorer :
- L’intégrité du choix du pays hôte ;
- La transparence autour des préparatifs et des modalités d’accueil de la COP ;
- La responsabilité de la présidence de la COP ;
- La transparence et la responsabilité concernant la participation à la COP (notamment en ce qui concerne les lobbyistes) ;
- Un engagement responsable du secteur privé lors de la COP.
Lire le rapport en anglais.
Par ailleurs, Transparency France est également co-signataire d’une lettre ouverte aux côtés de 14 autres organisations de la société civile française, pour demander à la délégation française à la COP 29 de Bakou de ne pas accréditer en son nom des lobbyistes représentant les intérêts des énergies fossiles. Lors de la COP 28 de Dubaï, la France avait emmené dans sa propre délégation 26 représentants des entreprises d’énergies fossiles, dont le PDG de Total Energies.