Transparency International France considère que les propositions du gouvernement pour lutter contre le narcotrafic constituent une avancée, mais demeurent insuffisantes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption.
Les mesures annoncées aujourd’hui à Marseille par le ministre de la Justice, Didier Migaud, et le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour lutter contre le narcotrafic en France, ne constituent pas une réponse suffisamment à la hauteur des enjeux de lutte contre les flux financiers illicites et la corruption liée à la criminalité organisée. Pour Transparency International, la France ne gagnera pas la guerre contre le narcotrafic sans mener la bataille contre la corruption et le blanchiment.
Depuis plusieurs mois, Transparency International France, exprime auprès des pouvoirs publics son inquiétude quant au développement de la corruption en lien avec la criminalité organisée liée au trafic de drogue en France. Aujourd’hui, selon les estimations d’Europol, 60 % des réseaux criminels opérant dans l’UE utilisent des méthodes de corruption pour atteindre leurs objectifs illicites. La France n’est pas épargnée par la montée en puissance de réseaux criminels capables de s’offrir des informations sensibles et des passe-droits. Pour Transparency International France, la violence et la corruption sont les deux faces du narcotrafic.
En ce sens, les annonces d’aujourd’hui, témoignent d’une prise de conscience de la nature systémique du problème et une avancée, à condition que les mesures concrètes soient à la hauteur des enjeux. Toutefois, Transparency International France déplore que les dispositions présentées ne comprennent pas un plan ambitieux en termes de lutte contre la corruption.
Transparency en appelle à l’adoption d’une véritable feuille de route à laquelle elle est prête à contribuer, forte de l’expertise qu’elle a développée depuis près de 30 ans dans la lutte contre la criminalité organisée.
- Le déploiement d’une véritable politique publique de lutte contre la corruption pilotée par le Premier ministre.
- La création d’une obligation de mise en œuvre d’un plan complet de prévention de la corruption dans les grandes collectivités territoriales et les services déconcentrés de l’Etat, dont l’un des volets est la formation systématique des agents exposés au risque de corruption.
- L’extension du recours au statut de repenti pour les grands délinquants financiers et la promotion d’une culture anti-corruption au niveau du grand public constituent des piliers de cet indispensable sursaut.
Ces mesures doivent s’accompagner d’un renforcement des moyens alloués aux autorités d’enquête et de poursuite afin notamment de favoriser l’ouverture systématique d’enquêtes financières parallèles à celles ouvertes pour du trafic de stupéfiants. A cet égard, Transparency International France a eu l’opportunité de rappeler à plusieurs reprises la nécessité de recourir à la présomption de blanchiment afin de favoriser le recouvrement des produits criminels et encourager leur affectation sociale. Enfin, le Garde des Sceaux a annoncé que le plan pluriannuel 2024-2027 de lutte contre la corruption serait publié dans quelques semaines. L’association rappelle qu’il ne pourra être suivi d’effets que s’il est véritablement porté par le Gouvernement.
Lire les propositions détaillées de Transparency International France