Le 10 février dernier s’est tenu le premier des rendez-vous inaugurés par l’Agence française anticorruption pour faire le bilan de son action et dresser les perspectives d’action pour 2025. La séance était consacrée aux acteurs économiques.
Revenant sur les contrôles diligentés au titre de la mise en œuvre dans les entreprises du plan de prévention de la corruption, l’AFA a longuement exposé ses conclusions sur la gouvernance de la lutte contre la corruption en pointant les insuffisances de l’engagement : une gouvernance interne souvent peu claire, une instance dirigeante parfois absente lors des contrôles, des moyens humains et matériels insuffisants, un réseau de conformité parfois inexistant, des contours de fonctions mal définis, etc.
Depuis des années, Transparency International France insiste sur le nécessaire engagement de l’instance dirigeante pour garantir une réelle effectivité de la lutte contre la corruption. Sans impulsion au plus haut niveau de toute organisation, nous savons qu’aucun process ne peut véritablement combattre un fléau qui mine nos sociétés, détruit nos ressources, affaiblit notre compétitivité et nuit à la protection des droits humains.
A l’heure de la simplification des normes au nom des exigences de compétitivité, le combat contre la corruption ne peut pourtant se passer de l’engagement des acteurs économiques : parce qu’ils sont la cible des organisations criminelles, parce qu’ils sont soumis à un contexte géopolitique insécure qui se nourrit de l’affaiblissement des combats que nous menons, parce que lutter contre la corruption, c’est aussi s’affirmer dans nos valeurs et mener le combat pour la souveraineté et la démocratie mal menées.
C’est la raison pour laquelle Transparency International France a toujours considéré que les entreprises avaient pleinement leur place dans le dialogue continu que notre organisation de la société civile entend instaurer en continu avec l’ensemble de nos parties prenantes. Au sein du Forum des Entreprises Engagées, nous accompagnons les acteurs économiques et fédérons autour d’une communauté le soutien à nos actions ; prenant part à nos travaux en lien avec le secteur privé, à la réflexion que nous menons pour une meilleure effectivité des combats que nous portons, les entreprises sont pleinement vécues comme des partenaires essentiels de nos combats.
L’engagement dans la lutte contre la corruption et les autres atteintes à la probité est facteur de confiance, là où la défiance s’accroît, dans les valeurs de justice et de démocratie. Lutter contre la corruption, c’est aussi assurer la protection de son organisation, maîtriser ses risques juridiques, d’image et de réputation. A l’heure où le Président des Etats-Unis vient d’ordonner par décret, au nom de la compétitivité de l’économie américaine et de la sécurité nationale, la suspension des poursuites contre des entreprises ayant recouru à des intermédiaires pour remporter des marchés dans le cadre du Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) de 19771, ne cédons pas à la tentation de mettre à bas le cadre juridique construit au cours des quinze dernières années pour armer nos entreprises face à l’utilisation extraterritoriale du droit pénal américain.
Pour s’engager : https://transparency-france.org/accompagner/forum-des-entreprises-engagees/
Contact : laurence.fabre@transparency-france.org.