[Interview] Casey Kelso, membre de l’équipe « Grande corruption »

Interview de Casey Kelso, membre de l’équipe « Grande Corruption »

Quel est votre rôle au sein Transparency International ?

Je travaille pour Transparency depuis 13 ans. J’ai débuté comme directeur de la section Afrique et Moyen Orient, puis comme responsable du plaidoyer. Je fais maintenant partie de l’équipe « Grande Corruption ».

Qu’entendez-vous par « Grande Corruption » ?

Transparency International définit la grande corruption comme l’abus de pouvoir de haut niveau, qui profite à quelque uns au détriment du plus grand nombre. La grande corruption cause des préjudices graves aux citoyens et à la société, et demeure souvent impunie.

Nos cibles sont les dirigeants peu scrupuleux qui bafouent les institutions de l’Etat dans leur intérêt personnel aux dépens des droits de l’homme, de la dignité humaine, de l’égalité et du développement.

L’affaire des Biens Mal Acquis et le cas de Teodorin Obiang – vice-président de Guinée Equatoriale condamné pour avoir détourné 150 millions d’euros/dollars d’argent public dans un pays où 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté – démontre à quel point ces agissements entraînent des pertes considérables pour la société. C’est autant d‘argent public qui n’est pas injecté dans le développement d’infrastructures, dans les secteurs de l’éducation ou de la santé.

Le combat pour permettre la restitution des avoirs aux populations victimes est-il un axe de lutte contre la grande corruption ?

Absolument. La grande corruption sape les institutions financières, dépossède les peuples de ce qui leur appartient et par conséquent accroît la pauvreté. La condamnation de Teodorin Obiang est une décision historique dans la lutte contre l’impunité dans le monde. C’est là une approche centrée sur les victimes. Le combat pour la restitution des biens volés aux populations des pays d’origine montre qu’il n’est pas seulement important de poursuivre en justice les responsables de la grande corruption, mais que nous devons aussi faire en sorte de faire évoluer les lois.

Comment fonctionne l’équipe Grande Corruption ?

L’équipe de Grande Corruption est divisée en trois groupes :

  • Le premier, dont je fais partie, enquête sur différentes affaires et met en place des campagnes.
  • Un autre est dédiée au plaidoyer. De nombreux sujets sont étudiés permettant ensuite d’émettre des recommandations, notamment sur le blanchiment d’argent sale, les biens mal acquis, l’évasion fiscale à travers la problématique des bénéficiaires effectifs etc.
  • Enfin, le troisième groupe travaille sur l’élaboration des cadres de référence internationaux. Elle collabore avec des institutions comme l’OCDE afin de leur faire adopter des normes légales contre la grande corruption dans toutes les lois et conventions internationales.

Point important, l’équipe Grande Corruption travaille en partenariat avec des journalistes d’investigation.

Quel est l’intérêt de ce partenariat ?

Les journalistes d’investigation font un travail colossal et mènent des enquêtes de fond pendant plusieurs mois. Mais une fois leurs révélations publiées dans la presse, l’impact est parfois limité sur le long terme. Le rôle de l’équipe « Grande Corruption » est de s’appuyer sur les enquêtes des journalistes pour interpeller les décideurs et l’opinion publique, et s’assurer que des engagements et mesures soient prises. Dans la pratique, nous demandons aux journalistes de partager avec nous les résultats de leurs enquêtes avant leur publication, afin que nous puissions coordonner notre action de plaidoyer et ainsi lancer nos campagnes simultanément pour en augmenter l’impact.

Quels sont les principaux sujets sur lesquels vous travaillez ?

Nous nous sommes penchés de très près sur l’affaire du « Laundromat d’Azerbaijan » et sur les fameux programmes appelés « Golden visa ». Alors que Malte est impliqué dans ces deux affaires, nous nous sommes récemment saisis du « Daphne Project » concernant l’assassinat de la journaliste maltaise et militante anticorruption, Daphne Caruana Galizia. Nous comptons cette année mener quatre ou cinq campagnes d’envergure.

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