Cabinets de conseil
« L’Etat confie de plus en en plus souvent au secteur privé la réflexion sur le service public d’aujourd’hui et de demain, sans que personne n’en parle, sans que personne, pas même nous journalistes qui le demandions, ne sache combien, pourquoi, comment. »
Le constat est de Caroline Michel Aguirre, co autrice des Infiltrés, le livre enquête qui a documenté l’ampleur d’un phénomène entrevu pour la première fois en janvier 2021, quand le média Politico a révélé que le gouvernement français faisait appel à un cabinet de conseil, en l’occurrence le cabinet McKinsey, pour l’aider à répondre à l’urgence médicale liée à la pandémie de COVID 19.
Une pratique répandue dans presque tous les ministères et toutes les administrations, sans appel d’offre détaillé, ni suivi centralisé et évalué par la presse d’investigation et une commission sénatoriale à 1,5 milliard et 3 milliards d’euros par an, selon que l’on prenne en compte seulement l’Etat central ou qu’on élargisse le périmètre à la fonction publique hospitalière et aux collectivités territoriales.
Pour Transparency International France, ce recours aux cabinets de conseil est trop révélateur du fonctionnement de l’Etat et de son rapport aux intérêts privés pour être réduit aux seuls sujets du non-respect du code de la commande publique et du délit de favoritisme. Ni « affaire d’Etat » ni « débat complotiste », il souligne la nécessité de renforcer encore la transparence des passations de marchés de prestations intellectuelles, pour veiller à toujours mieux encadrer l’influence des intérêts privés sur la conduite des politiques publiques ainsi que sur l’organisation et le fonctionnement de l’Etat.
Autre signe de l’immixtion des intérêts privés dans les affaires publiques, l’ouverture de deux enquêtes préliminaires par le Parquet National Financier sur l’intervention des cabinets de conseil dans les élections présidentielles de 2017 et 2022.
Enquêtes préliminaires qui ont entraîné des perquisitions au siège parisien de Mckinsey, au siège du Parti Renaissance puis aux domiciles de dirigeants et d’anciens dirigeants du cabinet de conseil. Les enquêteurs cherchent à établir si Mckinsey aurait financé illégalement les campagnes électorales d’Emmanuel Macron en échange d’attribution ultérieure de marchés publics de conseil.
Suite à l’excellent travail de la commission d’enquête sénatoriale, une proposition de loi transpartisane a été adoptée au Sénat pour répondre à ces impératifs.
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