La condamnation définitive, le 26 novembre 2025, de Nicolas Sarkozy pour le financement illégal de sa campagne de 2012 rappelle l’ampleur des dérives possibles relatives au financement de la vie politique. Cette décision, qui intervient dans les suites de sa condamnation en première instance dans l’affaire des financements libyens et à l’approche de son procès en appel, souligne l’urgence d’agir face aux fragilités persistantes de notre cadre légal et institutionnel dans ce domaine en amont des prochaines échéances électorales.
Depuis de nombreuses années, Transparency International France alerte quant à l’urgence d’une réforme d’ampleur pour éviter un second scandale Bygmalion. Dès 2019, nous avons porté à l’attention des pouvoirs publics des recommandations clés en main pour améliorer significativement l’intégrité des élections.
En septembre 2025, le rapport Financer la démocratie : le véritable enjeu de l’élection présidentielle met en exergue plusieurs nouvelles propositions préventives qui auraient permis de détecter les fraudes relevées dans l’affaire Bygmalion :
- Renforcer les capacités d’investigation, de sanction et les droits de communication de la CNCCFP ;
- Mettre en place une publication en temps réel des dépenses engagées par le parti en soutien du candidat pendant la campagne présidentielle ;
- Créer une task-force d’autorités publiques afin d’appréhender l’ensemble des risques qui pèsent sur la sincérité du scrutin présidentiel ;
- Déployer des technologies d’intelligence artificielle pour le contrôle des comptes de campagne et des partis politiques afin d’actualiser et de renforcer les capacités d’analyse, de contrôle et de transparence dans le financement de la vie politique.
La justice a joué son rôle. Aux pouvoirs publics d’assumer le leur : moderniser le cadre du financement politique, mettre à l’ordre du jour la proposition de loi inspirée des travaux de Transparency visant à lutter contre le financement opaque des campagnes électorales et doter les autorités de contrôle de moyens réels. A cette condition, la France pourrait assumer un rôle de champion de la cause à l’échelle internationale alors qu’une résolution sur le sujet s’apprête à être examinée par les Etats parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption. Ce leadership apparaît plus que jamais nécessaire en cette période où les échéances électorales se transforment progressivement en leviers de déstabilisation des démocraties.
Diane Semerdjian, responsable plaidoyer Vie publique au sein de Transparency France insiste sur le fait que « restaurer la confiance démocratique exige des actes. Les pouvoirs publics se doivent d’être à la hauteur des risques qui pèsent sur les grands temps électoraux ».
Transparency International France restera mobilisée pour garantir un financement politique transparent, équitable et intègre.